Aujourd’hui a été annoncé une entente entre Yahoo! et la Wikimedia Foundation. Un hébergement sera offert par Yahoo!, qui réservera plus de 20 serveurs aux projets de la Wikimedia Foundation, dont Wikipédia fait partie. Notons que ceci n’implique aucune stratégie publicitaire ou appropriation de contenu en contrepartie. Il faut aussi noter que cette entente avec ce partenaire n’est pas exclusive, ce qui est susceptible d’atténuer certaines craintes qu’avait soulevé l’annonce de discussions en cours avec Google.
Voir :
* Le communiqué : La Fondation Wikimedia annonce le soutien de Yahoo!
* Ce billet, du Weblog d’Anthere
Par ailleurs, Yahoo! Search intégrera des raccourcis vers des contenus de Wikipédia, lors de recherches. Il y a actuellement des raccourcis de ce type d’implantés pour les recherches par nom de pays avec le moteur de Yahoo! France, qui indique dans la page de résultats la langue officielle du pays, sa capitale, sa superficie et sa population – ces raccourcis seront élargis, à d’autres sites de Yahoo! et dans d’autres langues aussi.
Pour la petite histoire, l’initiative des raccourcis est issue d’une discussion ayant eu lieu en octobre 2004 entre Anthere (Florence Devouard, vice présidente Wikimedia) et Stéphane Gigandet (Yahoo! International Search Engineering), qui s’étaient croisés virtuellement peu de temps avant, sur craowiki. Pour en savoir un peu plus sur cette initiative, voir ce billet et le commentaire d’Anthere, ainsi que ce billet du carnet de Stéphane Gigandet.
Ce sera très intéressant de suivre ce que cela donnera. Et les commentaires que cela suscitera dans les prochains jours.
Et toi, qu’en penses-tu?
L’implication de Yahoo France dans le récent accord entre WMF et Yahoo
La mise en place des raccourcis utilisant le contenu de Wikipédia est une initiative originale de Yahoo France elle même ! Et plus précisemment de Stéphane Gigandet et Caroline Constantin.
Voir toute l’histoire sur le blog de yahoo : What is the ca…
Un des points importants me semble être que les partenariats sont négociés non seulement en préservant les projets de l’intrusion de stratégies publicitaires, mais aussi avec une clause de non-exclusivité. L’indépendance des contenus est assurée par la Licence de documentation libre GNU, mais cela n’empêche pas que les projets de Wikimédia (Wikipédia, et autres) pourraient (ou auraient pu) développer une certaine dépendance « technique » par rapport à des hébergeurs. Le risque d’une telle dépendance ne se situerait pas au niveau des contenus, mais bien dans l’éventualité d’un désintérêt soudain de l’hébergeur, qui cesserait après quelques années de fournir des serveurs et de la bande passante… C’était un peu la mise en garde de Dvorak dans PC Magazine à la suite de l’annonce des discussions avec Google. Or, ici le partenariat avec Yahoo! ne signifie pas que les discussions avec Google aient cessées – il y a, semble-t-il, des discussions avec d’autres partenaires, aussi. Donc, de ce point de vue, d’autres ententes de partenariats sont à prévoir, ce qui me semble un bon compromis afin d’assurer de bonnes ressources matérielles pour l’infrastructure des projets, tout préservant les projets des risques de dépendance par rapport à un partenaire.
Concernant les raccourcis, l’un des impacts importants me semble être la plus grande valorisation des diverses versions linguistiques de Wikipédia (et de son caractère international) qui en découlera. Actuellement, si je fais une recherche sur Internet, l’article de la version anglophone apparaîtra habituellement bien avant celui de la version francophone (par exemple), MÊME lorsque celui-ci est plus développé (qualitativement et quantitativement). Avec l’implantation des raccourcis, l’utilisateur aura les données et un lien vers la version linguistique de Wikipédia correspondant à la version linguistique du site de recherche Yahoo! utilisé (on peut supposer que d’autres moteurs de recherche, tel Google, offriront éventuellement quelque chose d’analogue). En augmentant ainsi la visibilité, on augmente aussi l’intérêt à contribuer à Wikipédia dans les diverses versions linguistiques. Et on augmente le nombre de relecteurs/contributeurs afin d’améliorer la qualité des articles (et le cercle des personnes susceptibles d’être rejointes). Bien entendu, cette visibilité comporte le défaut de ses qualités : il y aura sans doute des vandalismes supplémentaires à gérer et une attention particulière (accrue) à porter aux tentatives d’intromission de biais. Bien entendu, il faudra que les personnes contribuant à Wikipédia continuent de porter une attention particulière afin de supporter les nouvelles personnes désirant contribuer à Wikipédia.
Voilà quelques petites impressions du moment.
Un point à surveiller sera l’utilisation faite des serveurs fournis par Yahoo!. Étant situés en Asie, il est probant que ceux-ci ne serviront pas de base de données afin que ce soit la législation de l’État de la Floride (où est actuellement les serveurs de Wikipédia – des serveurs pour le cache sont aussi en France) qui continue de prévaloir sur les contenues de la base de donnée.
Tout ceci sera effectivement très intéressant à suivre et j’ai hâte de voir les commentaires que cette annonce suscitera dans les prochains jours.
Tout ceci me ramène au billet de Michel Dumais sur les contributions volontaires au Libre.
à long terme, il me semble que ce n’est pas sain que des projets libres dépendent du financement de compagnies privées à but lucratif.
Un nouveau paradigme (cela faisait longtemps que je voulais l’utiliser ce mot à la mode ;-)) devra voir le jour sur le financement des logiciels et des contenus numériques. Si tout un chacun prétend que ce n’est pas à lui de contribuer, le libre ne sera plus qu’une étiquette recouvrant du « pas mal moins libre ».
Celà dit, je crois que dans le cas présent, les risques sont minimes, mais on ouvre une porte… qui je l’espère ne deviendra pas une boîte de Pandore.
Je n’avais pas pensé à le préciser, mais en fait si l’offre d’hébergement de Yahoo! est importante, ce n’est cependant pas la première. L’hébergement des trois serveurs cache en France est fourni (avec la connexion Internet afférente) par Lost Oasis (http://lost-oasis.fr/). Voir : http://wikimediafoundation.org/wiki/Sponsors
À mon avis, l’article de Michel Dumais (http://www.ledevoir.com/2005/04/04/78507.html) que tu mentionnes, André, est tout à fait à propos. Le hasard a fait que j’ai lu cet article de Michel environ 6 heures après avoir mis en ligne mon billet sur « Wikipédia et le Québec », et sans doute que ma première lecture en a été influencée – ce pourquoi j’ai sans doute retenu avec une emphase plus grande qu’il lui donnait (peut-être) la phrase « Mais j’aurais pu tout autant prendre comme décision de donner de mon temps à la communauté afin de contribuer à la localisation du produit ou à son amélioration. ». En ce qui concerne Wikipédia, il me semble important de souligner que le support dont le projet a besoin pour assurer son développement et sa pérennité ne doit pas être envisagé seulement en considération des coûts matériels (certes important : par exemple, il va y avoir aux alentours de 75 serveurs en juin 2005, alors qu’il n’y en avait que 3 il y a environ un an et demi), mais aussi en termes de compétences et de temps offerts. Les dernières fois où les sites de Wikimedia se sont retrouvés hors ligne, c’était en partie tributaire d’un manque de collaborateur sur le lieu où se trouvent les serveurs pour résoudre des problèmes techniques. Deux personnes ont été embauchées dans cette optique : l’une à mi-temps, l’autre un jour semaine.
Mais tout le reste des collaborateurs à Wikipédia, Wikisources, et autres projets de Wikimedia sont bénévoles. Il y a d’importants besoins de développeurs, mais comme les projets Wikimedia ont pour objectifs la production de contenus, il y a aussi des besoins de contributeurs. Il y a des domaines où les collaborateurs sont encore très peu nombreux, ainsi que des régions du globe pour lesquelles les articles sont relativement peu développés. Les contributions peuvent aussi consister en la traduction des autres versions linguistiques de Wikipédia pour enrichir les articles, la correction au niveau de la langue, la numérisation de textes libres de droits pour Wikisources, la surveillance des textes introduits susceptibles de comporter un copyright, etc.
Bien entendu, il est tout à fait compréhensible que diverses contraintes de temps fassent en sorte que l’on ne peut pas contribuer à Wikipédia/Wikisources/etc. aussi substantiellement, ou aussi régulièrement, qu’on le souhaiterait. Mais il me semble néanmoins que le « nouveau paradigme », pour reprendre l’expression, doit plus globalement porter sur l’importance des contributions aux projets sous licence libre (ces contributions pouvant/devant être financières, mais aussi de l’ordre d’une donation de temps, de partage d’expertises très diverses, etc.). Mais bon, je m’écarte considérablement du sujet d’origine.