«[…] les contributions remarquables des phénoménologues, principalement de Husserl et de Merleau-Ponty, peuvent être exploitées pour montrer que les naturalistes ne parviennent pas à rendre compte des faits fondamentaux que la phénoménologie a mis en évidence […] Dretske et les autres analystes devraient savoir que l’«expérience intentionnelle de la conscience» fut la cible principale des analyses phénoménologiques auxquelles Husserl s’est consacré toute sa vie […] On peut être perplexe de constater que les toutes dernières contributions à la science de la conscience, tels les livres de Hameroff et al., eds. (1996, 1998), Towards a Science of Consciousness (deux volumes de 750 pages chacun), contiennent à peine une référence à Husserl, une référence indirecte en citant Montero, un auteur tout à fait marginal en phénoménologie. Dans le livre de Block et al., eds. (1988), Consciousness in Contemporary Science, livre écrit par des philosophes, il y a seulement une référence faite par van Gulick qui pose la question triviale de savoir «s’il y a une dimension selon laquelle se distingueraient les états intentionnels impliquant l’expérience subjective consciente des états mentaux qui n’impliquent pas une telle expérience» (p. 96). C’est tout. […] Soit que les analystes et les cognitivistes ignorent la littérature phénoménologique, soit qu’ils estiment que les écrits que les phénoménologues ont produits ne sont pas pertinents pour les sciences cognitives ou pour une science de la conscience. Dans le dernier cas, on demanderait de nous fournir des arguments qu’ils n’ont toujours pas produits. […]»

– J. Nicolas Kaufmann, Critique du programme de naturalisation en philosophie de l’esprit, dans «Philosophiques», vol. 35, no. 2, automne 2008, p. 484 (publication à titre posthume).