« Les théories éthiques axées sur le phénomène de l’obligation morale ne peuvent pas admettre des degrés de liberté.  Ces théories «atomisent» l’existence d’une personne, la fragmentent en une série d’actes individuels et ceux-ci, en eux-mêmes, sont libres ou ne le sont pas.  Mais tel n’est pas le cas dans une éthique de la vertu.  Celle-ci étant une disposition habituelle du caractère ou de la pensée, il faut examiner de larges portions de la vie d’un individu avant de lui attribuer une vertu ou son contraire.  Ce contexte plus large permet alors de parler de degrés de liberté. »

Guy Béliveau, L’éducation des désirs.  Essai sur la défaillance de la volonté, page 68 (Éditions Bellarmin, ISBN 2-89007-816-7)

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« Lorsque, au point de départ, on décrète que l’angoisse, le regret, la tentation sont des «fioritures inessentielles», on se condamne à rater complètement ce qui fait de l’intempérance un problème de vie.  La décision de rejeter du revers de la main toute interrogation existentielle conduit le chercheur à travailler alors sur des abstractions.
[…]
Je le répète, sous peine de rester aveugle à des éléments essentiels du phénomène de la faiblesse de la volonté, il faut éviter d’atomiser la vie […] »

Guy Béliveau, L’éducation des désirs.  Essai sur la défaillance de la volonté, page 89 (Éditions Bellarmin, ISBN 2-89007-816-7)

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« Le tempérant, en réussissant à se contenir, fait donc l’expérience de sa liberté et, dans la mesure où l’idéal de l’homme maître de lui-même l’anime, il voit dans l’intempérance et dans la défaillance de la volonté une faute.  «Mais pourquoi accorderais-je mon adhésion à cet idéal de liberté?» pourrait nous demander le nihiliste.  Je n’ai pas de réponse à cette question, si ce n’est celle-ci: dans la mesure où un individu déplore le fait que trop souvent sa vie ressemble à un tourbillon qui l’empêche de disposer de lui-même comme il le voudrait, et qu’il en est malheureux, alors la voie pour vivre une vie bonne passe par l’apprentissage de la liberté. »

Guy Béliveau, L’éducation des désirs.  Essai sur la défaillance de la volonté, page 99 (Éditions Bellarmin, ISBN 2-89007-816-7)

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«Cet essai se veut un exercice de microphilosophie.  Est-ce là une nouvelle méthode?  Pas tout à fait.  […]  Par microphilosophie, il faut donc entendre une description et une analyse microscopique de cas concrets dans le but de préparer le terrain pour des synthèses éventuelles dont les assises seront d’autant mieux assurées.»

Guy Béliveau, L’éducation des désirs.  Essai sur la défaillance de la volonté, pages 10-11 (Éditions Bellarmin, ISBN 2-89007-816-7)